Au XVIe siècle la dentelle était fabriquée à la main en Italie du Nord et en Flandre selon deux techniques : la « dentelle à l’aiguille » brodée « pointe en l’air » sur des tissus tels que le tulle et la « dentelle aux fuseaux » brodée sur un modèle en parchemin ou en carton.
Ce travail servait essentiellement d’ornement aux vêtements de l’aristocratie car elle était particulièrement longue et difficile à fabriquer. Son coût était si élevé et l’usage qu’en faisaient les Gentilshommes et les Dames de la noblesse française si important, qu’en 1665, afin de limiter les paiements (en or!) destinés à l’acquisition de dentelles, Jean-Baptiste Colbert, Contrôleur Général des Finances de Louis XIV, en interdit l’importation et en confia la production aux manufactures royales.
Ainsi, dés le XVIe siècle, des milliers de dentellières produisaient à la main en France, en Flandre, en Angleterre, et dans toute l’Europe, à l’aiguille ou au fuseau, des tissus d’une qualité exceptionnelle réputés aussi pour leur solidité car, contrairement à ce que l’on pourrait croire, la dentelle est loin d’être un tissu fragile.
Ce ne fut que beaucoup plus tard, à la fin du XVIIIe siècle, que les premiers métiers à tisser mécaniques appelés « Leavers » ont été importés clandestinement d’Angleterre à Calais et qu’a commencé la production industrielle d’une dentelle qui n’était plus réservée à quelques uns mais qui restait un produit de luxe emblématique de la haute couture française. Ces métiers, particulièrement complexes, étaient manoeuvrés et entretenus par des techniciens anglais qui connaissaient bien ces machines et dont les descendants vivent toujours à Calais et à Caudry, l’autre centre de production proche de Calais.
La dentelle de Calais-Caudry, est encore aujourd’hui tissée sur des métiers « Leavers ». Réputée pour sa finesse, elle est l’un des tissus les plus précieux utilisés en haute couture.
Dans les années 50` ont été introduits à Calais des métiers à tisser de type « Rachel » originaires d’Allemagne et utilisant la technique de la maille jetée. Plus simples et rapides que les « Leavers », les métiers Rachel ont permis d’augmenter considérablement la production de dentelles, principalement destinées à a corsèterie et à la lingerie fines. Cela a permis à un nombre plus important de consommateurs d’avoir accès à un produit d’excellente qualité même si certains puristes considèrent encore la dentelle « Rachel » comme une dentelle de moindre qualité car elle est souvent tissée avec des matières synthétiques (parfois plus adaptées que le coton à la lingerie et à la corsèterie).
La dentelle de Calais-Caudry a ainsi pu s’exporter dans le monde entier mais le nombre de fabricants dotés de métiers « Leavers » n’a cessé de diminuer:
Calais comptait, au début du XXème siècle plus de six cents fabricants qui faisaient vivre la moitié des habitants de la ville. Ils n’étaient plus que 48 en 1980. Aujourd’hui, il ne reste qu’une dizaine de fabricants utilisant toujours des métiers « Leavers ».
La dentelle de Calais-Caudry a gagné ses lettres de noblesse grâce à la Haute Couture car elle se prête à toutes les utilisations et se présente dans une multitude de formes et de couleurs: satinée ou opaque, texturée ou lisse, elle est indémaillable et résistante à l’abrasion.
Pour ses qualités esthétiques, elle est devenue incontournable en corsèterie et surtout en lingerie. La production en plus grandes quantités et avec des matières synthétiques plus conformes aux modes de vie actuels (élasthanne/Lycra, polyester, …) a été rendue possible par la technique « Rachel ».
Les plus performants des métiers « Rachel », les « Textronics » introduits dans les années 90`, produisent avec une rapidité inégalée des dentelles qui imitent parfaitement celles brodées sur les anciens métiers « Leavers ».
Aujourd’hui donc la dentelle de Calais se décline en plusieurs styles dépendant du type de marché auquel elle est destinée: la précieuse dentelle « Leavers », produite en très petites quantités sur une dizaine de métiers anciens reste l’emblème de cette industrie et est destinée quasi-exclusivement à la Haute Couture alors que la dentelle « Rachel », a permis de démocratiser l’usage de ce tissu extraordinaire.
Les dentelles de Calais utilisées pour la fabrication de nos robes de Princesses, ont été brodées sur des métiers Rachel-Textronic du même type : une garantie de qualité et de durabilité.