C’est la question que, tôt ou tard, tous les couples se posent.
Mariage et PACS
Déjà, il faut avouer que les alternatives ne sont pas nombreuses: le statut des concubins, par exemple, ne confère pas de droits particuliers à l’exception d’un droit à des dommages intérêts pour « rupture abusive »: si, par la faute de son compagnon, l’un des concubins subit un préjudice financier, physique ou moral, il peut se voir reconnaître par un tribunal un droit à réparation de ce préjudice. Dans la pratique, le concubin abandonné, n’aura que « les yeux pour pleurer »: la rupture, en elle-même, à moins d’être « vexatoire » ne confère pas un quelconque droit à réparation.
Avec le Pacte Civil de Solidarité les droits des partenaires, – on ne parle pas encore de conjoints, – sont plus importants que dans une union libre et c’est pour cette raison que le « PACS » concurrence aujourd’hui sérieusement le mariage.
Le « PACS » donne une existence juridique et administrative au couple: entre autres avantages, il permet au couple d’être imposé sur un seul foyer fiscal au titre de l’impôt sur le revenu et des impôts locaux et il permet aussi à l’un des partenaires de bénéficier de l’assurance sociale de l’autre. On pourrait aussi considérer comme un avantage le fait que la séparation des couples « pacsés », contrairement à celle des couples mariés, est une simple formalité, ce qui correspond bien au caractère précaire et éphémère de notre société actuelle.
Mariage signifie aussi protection de la partie faible
Mais le mariage garde tous ses attraits, ne fût-ce-que parce qu’il accorde une protection certaine au membre du couple le plus vulnérable: en cas de divorce, la partie financièrement la plus faible a droit à une prestation compensatoire. Plus encore, la supériorité du mariage sur le « PACS » se retrouve dans la loi applicable à la succession: le conjoint survivant reçoit toujours en héritage une partie de la succession du conjoint décédé alors que pour obtenir un résultat semblable, à un coût fiscal bien plus élevé, le couple « pacsé » doit enregistrer un testament. Le survivant « pacsé » n’a droit a rien.
Il y a donc toujours de bonnes raisons de se marier et cela est aussi vrai pour les re-mariages. Ceux-ci concernent en général des couples plus âgés qui ont eu le temps d’accumuler un patrimoine personnel ou qui ont des enfants d’un premier lit lesquels pourraient concurrencer le compagnon survivant. Or, ces couples représentent aujourd’hui plus de 20% de la totalité des mariages célébrés en France. Le dicton « chat échaudé craint l’eau froide » n’est pas toujours confirmé dans les faits.
Avouons que le fait de se marier pour hériter ou pour un avantage fiscal, n’est pas très romantique. Ne nous trompons pas: 80% des couples se marient pour la première fois: pour la plupart, ils sont jeunes et leur patrimoine ne justifie pas qu’ils prennent des précautions juridiques particulières. Alors pourquoi se marient-ils?
Et l’amour, alors?
Bien sûr… « l’amour toujours l’amour », mais répondre « l’amour » est réducteur. Et alors? Quand l’amour n’est plus là, que fait-on? On divorce et on se sépare? Cela semble un peu facile. Dans un monde aussi complexe que le nôtre, les sentiments sont nécessaires, mais, trop souvent, ils ne suffisent plus …
Se marier pour les enfants?
On se marie pour avoir des enfants? Selon l’Eglise Catholique, le mariage n’a pour objectif ultime que la reproduction tant il est vrai que la stérilité de l’un des époux ou le refus d’avoir des enfants sont des causes d’annulation des mariages religieux mais cette approche très « patriarcale » nous gêne car elle fait trop facilement de la femme une « machine à enfanter » et elle ne correspond plus à ce qu’est une famille moderne.
On se marie parce qu’on a des enfants? Vouloir stabiliser le couple et donner aux enfants un environnement plus protecteur est un objectif cohérent et louable mais si pour l’un des époux (ou les deux!) cela signifie rester prisonnier d’une relation insatisfaisante pendant vingt ans, le prix à payer est astronomique! Et on en revient toujours au même point: quand les enfants ont grandi, et qu’on partage sa vie avec un(e) étranger(e), on se sépare? Si on tentait de faire de l’humour sur ce type de tragédie, on pourrait affirmer que « Le mariage est la principale cause du divorce ».
Mariage et projet commun…
On serait tentés de répondre : on se marie parce que l’on a un « projet commun », parce qu’on « regarde dans la même direction ». C’est clair et ça a le mérite d’être vrai. Un couple ne peux exister que parce qu’il y a un projet commun aux deux époux. Un projet de long terme, pas une lubie passagère.
A y regarder de plus près, ce « projet commun » correspond en partie à la définition du mariage de convenance, du mariage arrangé, voire du « mariage d’intérêt » qui a été la constante principale de tous les mariages de l’Antiquité jusqu’au début du XIXéme siècle, du moins dans le monde occidental.
Lorsque l’individu, né du « Siècle des Lumières », n »existait pas encore, c’étaient deux familles, deux villages, deux communautés qui s’unissaient à travers les époux. Les familles forcément élargies s’occupaient des enfants de manière collective et les accidents de la vie étaient toujours atténués par les solidarités familiales.
Le MIAI japonais
Au Japon, la pratique du « MIAI », le mariage arrangé par les familles, en grande partie abandonnée depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, connait, semble-t-il, un regain de popularité: les jeunes en âge de se marier sont trop souvent occupés par leur travail et n’ont plus le temps de faire des rencontres. Ce sont donc parfois les parents qui, de manière de plus en plus fréquente, cherchent les « bons partis » et négocient les unions. Ces mariages « institutionnels » ne représentent désormais que 2 à 3% des mariages au Japon, mais il n’est pas certain qu’ils soient moins heureux que les mariages dits « d’amour ».
Mariage et lien social
Dans une période de plus en plus incertaine et troublée, il devient nécéssaire de recréer les solidarités familiales trop longtemps oubliées, mais pour cela, il faut renoncer à un peu de notre individualisme, cette nouvelle religion des temps modernes. Or, notre société détruit sciemment cet aspect collectif de notre vie et nous isole de plus en plus. A quelle fin? « A qui profite le crime? » demanderait un auteur de romans policiers.
Le mariage a une fonction sociale en ce qu’il crée des liens entre des personnes et des familles qui, autrement, ne se seraient jamais rencontrés. Il est, comme l’école, l’université, le travail, le service militaire et la religion, un des ciments de la société. Il agit comme une antidote contre l’émiettement des relations sociales.
« There is no society » clamait fièrement le Premier anglais Margaret Thatcher dans les années 80′. Elle avait tort: notre société se renouvelle et se renforce chaque fois que deux personnes décident de se marier. Le mariage a aussi une dimension politique. Mais cela est une autre histoire…